Évolution du marché musical

La mainmise du secteur radiophonique au Canada

today3 avril 2020 353 12 5

Background
share close

La radio a longtemps été un pilier de la culture musicale au Canada. Toutefois, avec la concentration des médias entre les mains de quelques grands conglomérats, le paysage radiophonique s’est considérablement uniformisé. Cette mainmise des grandes entreprises influence directement la diversité musicale et limite l’accès des artistes émergents, de la relève et des Premières Nations aux ondes. Comment cette situation s’est-elle installée, et quelles en sont les conséquences ?

Une concentration croissante du marché : Un paysage dominé par quelques acteur

Le secteur radiophonique canadien est aujourd’hui contrôlé par un petit nombre de conglomérats, notamment Bell Média, Rogers, Corus et Cogeco. Ces géants possèdent des dizaines de stations à travers le pays et imposent des décisions centralisées en matière de programmation musicale.

L’érosion des radios indépendantes

Autrefois, les stations indépendantes jouaient un rôle clé dans la diversité musicale. Toutefois, la consolidation des médias a entraîné la disparition progressive de ces antennes locales, rachetées ou éclipsées par les grands groupes. Cette homogénéisation réduit la variété des contenus et favorise un formatage des ondes.

Conséquences sur la diversité musicale : L’influence des grandes entreprises sur les choix musicaux et éditoriaux

Les grands conglomérats radiophoniques dictent largement la programmation musicale en fonction de critères commerciaux et d’études d’audience. Cette influence se traduit par:

  • Une playlist standardisée : Les stations d’un même groupe diffusent souvent les mêmes chansons, ce qui limite la diversité des artistes mis en avant.
  • Une priorité aux artistes établis : Les maisons de disques et les grandes agences de promotion ont un accès privilégié aux ondes, reléguant les artistes émergents, de la relève et des Premières Nations au second plan.
  • Une centralisation des décisions éditoriales : La programmation musicale est décidée à un niveau national, limitant la flexibilité des stations locales.
  • Une diminution des émissions spécialisées : Les créneaux dédiés à la découverte musicale et aux genres alternatifs disparaissent de plus en plus.
  • Une programmation standardisée: Les grandes entreprises radiophoniques diffusent en boucle un nombre restreint de titres populaires. Cette approche, dictée par des impératifs commerciaux, empêche de nombreux artistes émergents, de la relève et des Premières Nations d’obtenir une visibilité à la radio.

Un affaiblissement des radios locales

Avec des décisions éditoriales centralisées, les particularités régionales s’effacent. Les radios locales, autrefois vitrines pour des talents spécifiques à leur région, perdent leur capacité à promouvoir une scène musicale distincte.

La remise en question des quotas francophones

Le CRTC impose des quotas de musique francophone pour garantir une certaine diversité, mais ces règlements sont régulièrement contestés par les grands groupes. Certains réclament un assouplissement de ces quotas, ce qui pourrait encore réduire la place des artistes québécois et francophones sur les ondes.

Les alternatives et résistances : L’importance des radios communautaires, universitaires et nouveaux médias

Face à l’homogénéisation du paysage radiophonique, les radios communautaires, universitaires et celles provenant des nouveaux médias tel que la web radio de Passion Musique restent des bastions de diversité musicale. Elles offrent une programmation plus éclectique et donnent une voix aux artistes émergents, de la relève et des Premières Nations.

L’essor du numérique comme contre-pouvoir

Avec l’essor des plateformes de streaming, des balados et des webradios, les artistes ont de nouvelles avenues pour rejoindre leur public. Ces canaux alternatifs deviennent essentiels pour la découverte musicale, compensant en partie la rigidité des grandes stations FM conventionnelles et commerciales.

Les défis réglementaires

Le rôle du CRTC est central dans cet enjeu. Une réglementation plus stricte pourrait imposer des quotas plus diversifiés et favoriser une plus grande diversité d’acteurs dans le secteur radiophonique. À l’inverse, un assouplissement des règles risquerait d’amplifier la domination des conglomérats.

Conclusion

La concentration du marché radiophonique au Canada pose un défi majeur à la diversité musicale et à l’émergence de nouveaux talents. Alors que les grandes entreprises dictent la programmation, les radios alternatives et les plateformes numériques offrent une lueur d’espoir. Pour préserver un paysage musical riche et varié, il est crucial de soutenir ces canaux indépendants et d’encourager une réglementation favorisant la diversité des voix et des sons.

 

 

 

 

 

 

 

Written by: atlantis

Rate it