Évolution du marché musical

L’influence des grandes entreprises sur les choix musicaux et éditoriaux

today2 avril 2020 352 10 5

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Les grands conglomérats radiophoniques comme Bell Média, Rogers, Corus et Cogeco contrôlent une grande partie du marché canadien. Cette concentration leur confère un pouvoir immense sur les contenus diffusés, influençant directement ce que les auditeurs entendent à la radio. Cette influence s’exerce à plusieurs niveaux :

Une programmation dictée par des impératifs commerciaux

Les stations détenues par de grands groupes adoptent des stratégies commerciales uniformes, souvent dictées par des analyses de marché et des études d’audience. Cela entraîne :

Une playlist standardisée : Les stations d’un même groupe partagent souvent les mêmes rotations musicales, réduisant la diversité des titres joués.

Un focus sur les artistes populaires et rentables : Les radios privilégient les titres d’artistes ayant déjà du succès, réduisant ainsi l’espace pour la découverte musicale.

Des choix influencés par les maisons de disques et les annonceurs :

Les majors et les grandes agences de promotion ont plus de poids pour placer leurs artistes dans ces radios commerciales.

Les radios populaires francophones diffusent massivement des artistes comme Les Cowboys Fringants, Charlotte Cardin ou Roxane Bruneau, mais laissent peu de place aux artistes indépendants ou aux nouveaux genres émergents.

Une centralisation des décisions éditoriales

 Autrefois, chaque station avait une programmation musicale locale, adaptée à son public. Aujourd’hui, les grandes entreprises centralisent les décisions à l’échelle nationale :

Un même directeur musical peut superviser plusieurs stations dans différentes villes, imposant une ligne uniforme. Les animateurs ont moins de liberté pour choisir les chansons qu’ils diffusent.

Moins de diversité régionale :

La musique locale et les artistes émergents ont plus de mal à percer en raison de ces décisions centralisées.

Dans certaines stations, l’animateur ne choisit plus ses chansons : il suit une liste prédéterminée qui est identique pour plusieurs villes.

La disparition des émissions spécialisées

Autrefois, des émissions dédiées permettaient d’explorer des genres variés (folk, rock alternatif, électro, rap). Avec la commercialisation, ces segments disparaissent:

Moins d’émissions de découvertes pour les nouveaux talents.

Moins de diversité musicale en dehors des heures de grande écoute.

Un contenu homogène sur plusieurs stations appartenant au même groupe

Des émissions comme Le Cimetière des CD (CHOM) ou La Marge (CISM) ont longtemps permis de découvrir des artistes hors des circuits commerciaux, mais ce type de programmation devient rare dans les grandes radios privées.

Un impact direct sur l’industrie musicale

Les artistes émergents et indépendants doivent dorénavant se tourner vers d’autres canaux pour se faire connaître, comme les balados, les webradios et les plateformes de streaming. Cependant, sans la visibilité offerte par la radio traditionnelle, leur carrière peut être plus difficile à propulser.

Conclusion

Les cinq plus grandes entreprises médiatiques (Bell, Rogers, Telus, Shaw et Quebecor)

représentaient 71,1 % de l’économie des médias de réseau avec plus de 80 milliards de dollars canadiens en revenue pour l’année 2016. Cette intégration verticale a des impacts réels ; le contrôle du secteur radiophonique canadien par les dix plus grands groupes de radio est passée de 50 % en 1997 à 82 % en 2018, conduisant à des listes de lecture homogénéisées et avec une visibilité limitée pour les nouveaux musiciens. *

L’influence des grands groupes sur la programmation musicale réduit la diversité et freine la découverte d’artistes émergents. Si la radio conventionnelle reste un média puissant, son rôle en tant que découvreur de talents est en déclin, laissant place à de nouvelles alternatives numériques.

Que pensez-vous du contrôle de la diffusion radiophonique musicale par les plus grandes entreprises.

* Global Media & Internet Concentration in Canada, 1984-2021, 11e edition, 2021

Written by: atlantis

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